CR du 18 décembre 2018

Neuropédagogie, Compte-rendu de la réunion du mardi 18 décembre

Présents : Joël Fosse, Vanessa Bonabal, Renaud Rusé, Philippe Forter-Rytter, Thierry Accard, Raphaël Saur, Eva Debonne,

Ont manifesté leur intérêt mais n'ont pas pu être présent :
Joan Dentressangle Anne-Catherine Bucher, Eric Chartier, Serge Haerrig, Catherine Dellinger, Francis Dellanave, Marianne Rebouché



Échanges informels sur le thème des neurosciences et de ses implications dans l'enseignement artistique, ainsi que sur l'éducation bienveillante.

Vanessa commence en nous faisant partager la documentation issue d'un stage qu'elle a suivi avec Christophe André, Christophe Lenoir… sur le thème de l'éducation bienveillante. Documents transmis par Vanessa en annexe au compte-rendu.

Philippe évoque l'expérience Mélodys, la musique à l'aide des troubles de l'apprentissage. Il informe de l'existence d'une formation Mélodys.
http://melo-dys.e-monsite.com/
http://www.resodys.org/Cycle-de-formations-Melodys-198

Joël évoque son expérience d'enseignement et ses spécificités.

J-F : Les idées que je retiendrais sont celles-ci :
- Le bon sens, un minimum d'attention, nous font œuvrer assez intuitivement dans le sens de la bienveillance dans notre pédagogie. Mais demeure un besoin d'objectiver nos pratiques. Il serait intéressant d'acquérir des concepts plus précis que ceux que nous pressentons par l'intuition, peut-être de connaître des méthodes.
- Bien sûr, cela est indissociable d'un socle de connaissances sur les neurosciences, le développement du cerveau, la neuroplasticité. Un colloque avec un ou des spécialistes serait le bienvenu.
- Pour le théâtre, se pose aussi le problème du matériau même que nous utilisons : La musique se sert d'un médiateur instrumental, fût-ce la voix. La danse passe par des progressions techniques qui font du corps un instrument. Même si c'est vrai en grande partie pour le théâtre aussi, la frontière avec le vécu, avec les émotions reste beaucoup plus floue (Certaines situations de jeu peuvent raviver des souvenirs de traumatismes, de blessures ; de plus, même si nous travaillons des styles différents, un corps au théâtre est toujours un corps qui agit et parle, alors qu'en danse le corps... danse : Il est donc plus difficile de se mettre émotionnellement à distance dans le travail théâtral).
- Cette problématique de la bienveillance dans la pédagogie, celle de la prise en compte des constats des neurosciences, posent peut-être aussi la question du temps pédagogique : Que nous le voulions ou non, nous sommes happés au Conservatoire par une sorte de 'productivisme'. Multiplier les présentations oblige à aller toujours plus vite, ce qui contredit probablement le rythme d'une pédagogie attentive, individualisée, respectueuse.

Raphaël intervient à propos du concept d'éducation bienveillante, qui est un terme très « à la mode » et parfois même un peu galvaudé. Bienveillance ≠ complaisance. On peut aussi rappeler à se sujet l'expression de Montessori : l'éducateur est là pour aider, pas pour servir. Bienveillance ne signifie pas dissimuler la vérité pour ne pas « heurter ». Vanessa rappelle le résultat des études scientifiques à ce sujet : plus l'éducation est bienveillante, plus le cortex préfrontal se développe.

Thierry exprime ses attentes vis à vis de ce groupe de discussion : savoir renforcer nos intuitions, savoir renverser nos préjugés, être à même d'aller plus loin dans notre pratique pédagogique.


Objet du groupe de discussion
Le groupe de discussion se pose la question de son avenir, différentes pistes sont évoquées :
• Échange de ressources et de réflexions autour de la neuropédagogie, de son application à l’enseignement artistique
• Création d'un comité de préparation d'un hypothétique colloque sur le sujet
Quel calendrier ? Quel fonctionnement ? Quel investissement sommes nous prêts à y consacrer ?

Renaud propose que chacun fasse part à l'écrit de ses attentes et suggestions, voici les quelques retours :

Thierry

L'idéal pour moi est de m'appuyer sur les différentes avancées de la science concernant : l'apprentissage, la mémoire,
La méta-connaissance ...
j'attends plus précisément des outils concrets et des nouvelles manières de faire pour aider en particulier les élèves qui ont le plus de problème dans leur cursus ( concernant la motricité, l'oreille musical, et bien d'autres domaines encore ...
Comme je te le disais la dernière fois on peut encore partager bien plus de choses à travers ce qu'on connaît vis-à-vis de ce qu'on a lu ou vu sur internet

Joël

Peut-être commencer par un "état des lieux", un partage d'expériences ?
> Problèmes, situations délicates dans tel cours… Quelles difficultés avons-nous rencontrées par rapport à un choix à faire entre bienveillance et "maintenant ça suffit". Je trouve qu'il est en effet difficile de trouver sur l'instant une frontière juste entre l'autorité juste et indispensable et le trop d'autorité.
Encore une fois, c'est aussi le facteur 'temps' qui nous empêche de trouver un positionnement optimal. Il faut toujours aller vite parce qu'il y  a l'échéance des examens, etc.
> Évoquer aussi la question de la mutation des comportements chez les élèves : usage perpétuel du téléphone, même en cours ; concentration plus faible ; connaissances souvent lacunaires, remplacées par d'autres références, etc...
Peut-être aussi  : Que chacun ait lu deux ou trois articles sur la question (se mettre d'accord sur lesquels, en nous appuyant sur tes lectures ou celles de Vanessa) et que nous validions lors de la prochaine réunion quelques axes essentiels pour la pédagogie au quotidien.
Reparler aussi des limites de la problématique. Comme les Langues d'Esope, la neuropédagogie, le travail sur l'intelligence émotionnelle, le discours sur la bienveillance, etc… peuvent s'avérer être la meilleure ou la pire des choses. Déterminer des balises, des signaux du basculement dans le "too much", les effets pervers.
Personnellement, la question de l'image de soi m'intéresse beaucoup : D'une part parce que nous avons des ados, des jeunes en phase de recherche de soi, etc... En initiation Théâtre, c'est vraiment une question délicate. D'autre part, je pense à l'image de soi vue du côté du prof : On veut être aimé. Et ce positionnement joue des tours et nous piège. En tous cas je parle pour moi. Échanger sur ce sujet et déterminer quelques idées-force me semble important, … sauf si je suis le seul à être confronté à ça !
Phillipe
Merci pour cette première réunion.
Pour moi, un topo de ce qui se pratique avec un neurologue me semble utile.
Pour mémoire, la formation Mélodys a bien avancé surtout dans le domaine musical et pédagogique.
Mais, évidemment, d’autres pistes plus ou moins contradictoires seraient bien venues car en la matière il y a à boire et à manger.
Au plaisir d’une suite…
Renaud

De manière pragmatique, je suis à la recherche d'échange sur ces sujets sur lesquels je cogite depuis un moment, et sur des applications et mises en œuvres très concrètes dans le quotidien pédagogique. Cela semble plus efficace, plus motivant et plus riche de travailler en équipe. J'imagine pour l'instant un petit nombre de réunions au long de l'année, ciblées, avec des ordres du jour précis afin d'éviter les usines à gaz. Faire venir une ou des personnes en intervention. L'aspect interdisciplinaire de la réflexion apparaît dès la première réunion, qui mêle danse, théâtre, disciplines instrumentales, dumiste, et Fm.




En conclusion, resterait à se mettre d'accord sur un rythme de travail qui convienne à tous (pour ma part, 3-4 pour l'année scolaire me paraît raisonnable), à préciser des ordres du jour précis pour nos prochaines réunions. Je propose la création d'un outil internet qui permettra le partage de documents, je vous tiens au courant.